Guillaume Le Touze

Moi en plus beau

Roman

Xavier marche en pleine nature. Archéologue ferroviaire, il recherche ce qui subsiste des lignes abandonnées. Plus assez rentables, ces voies ont été arrachées – bouleversant la vie des hameaux jusqu’alors desser­vis. Intuitif, Xavier piste les vestiges de ces petites communautés à jamais dispersées et, de retour dans son laboratoire, trace minutieusement les cartes topo­­graphiques sur lesquelles il restaure des paysages aux habitants perdus.
De son frère cadet, Xavier n’est jamais bien loin. La quarantaine passée, Benoît observe le monde avec une acuité et une perception singulières. Ses troubles autistiques ont fait d’eux des êtres inséparables. Bien­tôt Clara apparaît dans la vie de Xavier. Elle se pas­sionne pour une autre énigme : pourquoi des écrivains reconnus prennent-ils un jour la décision de ne plus écrire ?
Tels sont les points de départ de ce roman aux inflexions d’enquête en ces lieux perdus, ces ruines blot­ties dans les forêts, à la rencontre d’empreintes et d’objets qui à jamais témoignent des chemins parcourus : ceux qui ont construit ce que nous sommes devenus.

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Cela fait trente ans que j’ai publié mon premier roman et ma façon d’entrer dans l’écriture n’a pas varié. Il me faut beaucoup de temps pour laisser venir à moi des pistes que je laisserai filer comme elles sont venues. Elles se sédimenteront avec d’autres, la mémoire les filtrera pour n’en conserver qu’une trace qui, peut-être, formera une image floue. Alors je pourrai commencer à explorer les contours de cette vision.

Cette fois, ce sont des rails enfouis, tracé souterrain d’un réseau caché aux regards, qui ont attiré mon attention. Et au-dessus, silhouette encore, davantage que personnage, un « archéologue ferroviaire » – Xavier –, envahi par sa passion. Un enfermement tourné vers l’extérieur qui en appelait un autre, tourné vers l’intérieur, celui de son double, son frère presque jumeau – Benoît. M’est revenue la nécessité ancienne de mettre en scène un personnage aux troubles autistiques en m’attachant à la poésie dont ils colorent son appréhension du monde.

Avant, il y avait eu la mort de ma mère, très soudaine. Je m’étais interrogé : fallait-il « en faire quelque chose » de littéraire ? Seule la part de silence et d’incertitude que recèlent les relations avec nos parents m’intéressait. Je me suis beaucoup penché sur les photos qui la représentaient, j’ai observé les clichés de façon factuelle, pour comprendre ce qu’ils racontaient.

En avançant dans le roman, il m’est apparu que Benoît, à l’âge adulte, avait trouvé des façons de sortir de sa bulle, était parvenu à mettre en forme suffisamment de matériau sensoriel pour essayer de vivre avec le monde et avec les autres. Dans sa démarche, les mots occupaient une place centrale et ce personnage s’est imposé pour effectuer la recomposition de l’histoire de la mère, entre informations, intuitions et extrapolations.

Moi en plus beau est un roman qui interroge la place de la parole dans nos existences : comment celle-ci nous construit, nous élève, nous libère. Le roman aurait pu s’appeler La Langue maternelle car c’est de cela qu’il est question : comment une mère donne à son enfant l’accès aux mots en les parant des couleurs qu’elle choisit, en les présentant comme un matériau vivant qu’il devra modeler à son image pour avancer. À ce titre, Moi en plus beau est sans doute un roman sur l’écriture, celui autour duquel je tournais depuis pas mal de temps.’’

– Guillaume Le Touze

A propos de l’auteur

Guillaume Le Touze

Guillaume Le Touze est l’auteur de huit romans dont cinq publiés chez Actes Sud. Son premier roman, Comme tu as changé, est paru en 1992. Il reçoit deux ans après le prix Renaudot pour Comme ton père, paru aux éditions de l’Olivier.

Bibliographie

La Mort du taxidermiste

janvier, 2017

Attraction

janvier, 2017

Les Ogres pupuces

janvier, 2008

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